En cette periode de fin de VIE, un air de changement souffle, et comme le vin qui se bonifie, cette periode est encore meilleure que celles qui ont marqué ma fin d Experiment (4 mois sur un bateau), d Erasmus (11 mois en Espagne) et d Etudes (5 ans à l'ICAM).
Resumé de la situation : le VIE se termine bientot, mon responsable souhaite prolonger ma presence sur site, je souhaite integrer l'entreprise en CDI, à priori ce sont des objectifs qui peuvent concorder. Négotiation, deal, mais cela sans compter les nombreux paramètres en course : je suis détachée sur un projet donc pas au sein d un service, loin du siège de Paris, loin des yeux, loin du coeur... la periode est à la reorganisation, cloture de budget, ... Vision des RH et des opérationels, pas toujours la même. Bref, les aléas, mais je dois savoir ce que je veux et m'y tenir, sinon c'est la machine à laver. Le tambour tourne et on prend l'eau, on ressort de là, lessivé. Alors je prépare mon CV, je scrute les sites d'embauche: Ingenierie, projets petroliers, tuyauterie, conduites sous marines, .... De maniere ciblée, laisse mon CV sur quelques site, tout en m'attelant à mon travail, qui a evolué de maniere interressante, comme pour me retenir ici. Mais il faut progresser vers un statut plus reconnu et solide, un poste clairement défini, en CDI.
La fin approche et et je me prépare a de nouveaux entretiens pour l'Offshore cette fois. Il va falloir que je prévoir le depart : acheter des valises en dur, les faire partir par Fret.
Ce qui va me manquer. C'est toujours marrant de faire un petit inventaire a la Prevert de ce qui futilement, subtilement, etonnament vous a marqué de maniere apparemment anodine, mais saisissante.
- voir le compteur des litres defiler plus vite que celui de l'addition, à la pompe à essence (1L vaut moins de 1 Qatar Ryal)
- les voitures qui roulent sur la voie de gauche, indescotchables, pas moyen de les faire se rabbattre
- Les expressions des collègues pour décrire certaines situations
- le sifflement des bienheureux
- les chèvres et les tentes, les chameaux,sur le bord de la route le matin en allant au travail
- les embouteillages de la Gate ( ou porte si vous preferez, c est une entree controlee en fait) les matins a Ras Laffan
- le café/thé du matin, j'entre dans la cuisine, sol en Lino bleu gris clair, les yeux ronds de flan des ouvriers qui me voient pour la 350 eme fois au mois mais me regardent toujours comme une ovni, ou ceux qui au contraire, et ca me fait plaisir, me considerent enfin comme faisant partie de leur paysage quotidien
- les hochements de tête latéraux pour dire oui et les roulement de R
- le broken english : anglais des indiens, francais, philippins, japonais, bosniaques
- la banalité des grosses voitures dans le trafic routier : Hummer, Lamborghini, Subaru, Land Cruiser, Ferrari, ... J'imagine en souriant le must effect que produirait une Twingo. Je comprends maintenant la pub de la clio qui disait "Pas assez cher, mon fils ". Il faut avoir vécu ici ou à Dubaï pour comprendre que "si, c est possible" (lire avec l'accent de Ben ladden dans les guignols ce qui est entre guillemets )
- L accent du sud des francais qui sont sur site, ça parait tellement décalé ici.
- l'appel à la prière régulier, plusieurs fois par jour, les voiles, les saris, le mélange
- les grands hotels dont les restaurants et bars sont, ici, accessibles. Leurs espaces pharaoniques. Le Sheraton compte des couloirs si longs qu'on pourrait y faire du roller, du vélo, un 100m, ...C'est sûr! : le prix du metre carré de Paris oblige à placer le luxe autrement.
- la baie de Doha et sa corniche, au petit matin ou by night
- Le mall du City Center, sa foule, le temple de la consommation, comme le Villagio et son décor de fausse Venise. M'extasier devant le Virgin Megastore, tellement librairie et discotheque genre FNAC sont absentes dans le pays
- mon environnement de travail : un open space de 120 personnes ,dans un préfab, les téléphones qui sonnent, les gars en coverall jaunes, casques et grosses chaussures, les clim's à fond.
- le chantier, les chantiers, une ville en chantier, un pays en chantier, un environnement qui se construit en permanence, perpétuel changement : des grues, gros trucks, camions vieux, neufs, qui transportent tout : structure métallique, spool (bouts de tuyaus) et équipements énormes, ...
- Voir sur les camions importés, les anciennes plaques d'immatriculation toujours en place (13, oh le marseillais bonnemere, 29 des bretons jusque la, ...)
- se voir repondre "inch'allah" qui veut tout dire et rien dire quant a la suite du sujet discuté, et dans ce cas les europeens l utilisent autant que les locaux. Comme quoi on s adapte bien a ce qui nous convient. Dans une culture certaine choses se font bien reprendre, si c est pour mieux se defiler....
- les réunions informelles, dehors , pause clope de mon chef, une institution du service !
- considérer la semaine du samedi matin au jeudi soir .... le vendredi est le jour chômé. Ahhh si on avait le samedi aussi ca serait parfait ;-)
- et la liste pourrait continuer longuement, mais il y a aussi des choses qui restent sur le papier, et ne seront pas sur l'écran.
Univers génial, de gens qui s'impliquent, dans un projet, comme dans un bateau, ce confinement commun raproche et soude. Il faut mener la barque et comme on avance à la force du vent en fonction de la météo et de la mer, ici on avance à la motivation, organisation, esprit d'équipe et rigueur, dans la bonne humeur, et parfois le rythme est dur , mais ça avance et ca progresse. L'usine sort de terre.
Après ça, la grande question comme toujours: qu est ce qu il en restera ? Combien de contacts, d amis, de souvenirs. En tout cas, sur le plan professionel, une sacrée progression, et motivation pour continuer dans ce sens. De l'assurance gagnée. Et sur le plan humain, beaucoup de plaisir pris, des surprises, beaucoup appris , et l'envie de continuer de travailler à l'etranger. Meme si ce n est pas immédiat, ça reviendra.
Cessons de palabrer, après les pensées, les faits. Nous n avons pas eu le 1er mai, le 8 mai, le 14 Juillet, Pâques, , nous n'aurions pas eu le 11 Novembre, alors nous avons l'Eid el Fitr. Donc Samedi, Dimanche et Lundi ne sont pas travaillés.
Demain : sortie dans le desert, et nuit dans le desert ! Retour Samedi à Doha, ça va être chouette.
Belles photos à venir j'espère.